75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme

75ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme :

pas de répit pour les violations des droits des Amazighs 

 

Le 10 décembre de chaque année correspond à la journée mondiale des droits de l’homme car la Déclaration universelle des droits de l’homme a été adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 10 décembre 1948.

Le 10 décembre 2023 marque donc le 75e anniversaire de cette Déclaration, un document fondamental qui a proclamé les droits inaliénables de chaque être humain, sans distiction de race, de couleur, de sexe, de naissance, de langue, de religion, d’opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, ou de toute autre situation. La Déclaration prévoit que ces droits doivent être universellement protégés. S’appuyant sur cette Déclaration, des conventions et des pactes internationaux relatifs aux droits de l’homme et des peuples ont été adoptés par les Nations Unies et ratifiés par la plupart des Etats. Mais qu’en est-il de leur mise en œuvre?

 

Dans les pays d’Afrique du nord et Sahara (Tamazgha), le Congrès Mondial Amazigh (CMA) constate ces dernières années, une nette recrudescence des attaques ciblées contre les Amazighs partout où ils vivent. Les Etats et les lobbies arabo-islamistes affichent une volonté claire de parachever leur dessein de faire disparaître l’amazighité en tant qu’histoire, langue et civilisation, de la surface de Tamazgha.

 

En Algérie, les autorités gouvernementales poursuivent de manière implacable leur politique répressive intensive notamment contre la Kabylie, considérée comme le dernier bastion de l’amazighité dans ce pays. Des centaines d’Amazighs, très majoritairement des Kabyles, sont actuellement en détention, dont Kamira Nait Sid, la coprésidente du CMA. Trente huit Kabyles ont été condamnés à la peine de mort en octobre 2023 et d’autres à de lourdes peines de prison, après des simulacres de procès. Un nombre indéterminé d’Amazighs sont interdits de quitter le pays pour des motifs inconnus. La Kabylie, un pays peuplé de plus de 5 millions d’habitants est devenue depuis trois ans, une grande prison à ciel ouvert où les activités humaines se limitent à travailler, se nourrir et dormir, en silence. Le territoire de la Kabylie est quadrillé par diverses forces de sécurité (armée, police, gendarmerie) qui exercent une surveilance étroite sur les populations.

 

Au Maroc, des citoyens Rifains injustement condamnés à 20 ans de prison sont toujours en détention pour avoir participé à des manifestations pacifiques à Taghzut (Elhocima) en 2017. Le CMA exige une nouvelle fois leur libération immédiate et sans conditions. Par ailleurs, le CMA dénonce l’accaparement illégal par l’État de plusieurs millions d’hectares de terres collectives appartenant aux tribus amazighes. Le gouvernement marocain s’appuie sur des lois coloniales françaises pour poursuivre sans relâche la spoliation des terres et des ressources naturelles des Amazighs. Malgré son statut de langue officielle, la langue amazighe reste exclue de l’administration, de la justice et dans une grande mesure du système éducatif. Tout cela montre combien les Amazighs du Maroc sont méprisés et privés de leurs droits fondamentaux.

 

En Tunisie, la Constitution du pays ignore totalement l’existence des Amazighs dans ce pays et le gouvernement pratique la négation et l’exclusion de leur langue et de leur culture. Les parents amazighs n’ont même pas le droit de donner des prénoms amazighs à leurs enfants.

 

En Libye, les deux gouvernements et les deux parlements qui administrent le pays sont tous les deux d’obédience arabo-islamique et ils s’accordent pour exclure et combattre tout ce qui n’est pas arabe et islamique dans ce pays. Paradoxalement, c’est le conflit interne en Libye et l’absence d’un Etat unitaire qui a permis jusque-là aux Amazighs de ce pays de profiter de quelques moments d’accalmie.

 

Dans le pays Kel-Tamasheq (Ahaggar, Azawad, Azawagh, Fezzan) découpé par les frontières administratives des Etats (Algérie, Mali, Niger, Libye), les Touaregs, peuple autochtone du Sahara, subissent depuis toujours l’éviction de leurs territoires, la dépossession de leurs ressources naturelles (pétrole, gaz, uranium et autres minerais) et les fermetures des frontières des Etats qui limitent leur liberté de circulation dans leurs territoires traditionnels. Et lorsqu’ils se révoltent contre les injustices, ils subissent des violences criminelles perpétrées par les Etats de la région et par différents groupes terroristes islamistes et autres groupes de trafiquants. Ces dernières semaines, les populations de l’Azawad ont subi des massacres par l’armée malienne appuyée par les mercenaires de Wagner. Il y a une véritable menace d’extinction du peuple et de la civilisation Kel-Tamasheq. Il est impératif et urgent de mettre le peuple Kel-Tamasheq sous protection internationale.

 

L’Archipel Canarien est l’un des derniers territoires colonisés d’Afrique. Le destin du peuple canarien est d’accéder à sa pleine souveraineté afin de pouvoir protéger et promouvoir ses intérêts et sa culture autochtone amazighe.

 

Dans le monde occidental et particulièrement en Europe, les Amazighs de culture laique, sont ostracisés par les médias et ignorés par les institutions officielles. Il est impératif que la diaspora amazighe s’organise et s’active pour faire entendre sa voix dans chaque pays afin que ses droits communautaires soient respectés.

 

Le CMA demande instamment aux Amazighs de ne pas céder à la peur et à la résignation, mais au contraire de se dresser avec courage et détermination contre les injustices. Le CMA recommande d’user de toutes les formes de résistance citoyenne pacifique. La désobéissance civile peut être une arme extrêment efficace pour combattre le racisme, les injustices, les violences et l’arbitraire pratiqués par les Etats contre les Amazighs.

 

C’est dans un état d’esprit combatif que le CMA appelle de manière pressante les Amazighs et leurs amis, à participer massivement à la marche de soutien aux peuples Kabyle et Kel-Tamasheq, qui aura lieu le 2 Yennayer 2974 correspondant au 14 janvier 2024 à Paris. Le CMA salue et soutient également sans réserve toutes les initiatives prises depuis quelques mois par les populations en Kabylie pour exiger la libération des détenus arbitrairement incarcérés.

 

Le Congrès Mondial Amazigh poursuivra sans relâche sa mission afin que le respect des droits de l’homme et des peuples devienne une réalité. Pour le CMA, les questions internationales ne doivent en aucun cas rester le monopole des Etats, excluant les peuples. En conséquence, le CMA réclame une représentation officielle des peuples autochtones et des peuples sans Etat au sein de l’Organisation des Nations Unies.

 

Dignité, liberté, justice pour les Amazighs.

 

Paris, 28/11/2973 – 10/12/2023

Le Bureau du CMA