Maroc: un séisme meurtrier et des questions

La région de Marrakech et particulièrement la zone montagneuse située au sud de cette ville, a connu dans la nuit du 8 au 9 septembre 2023, un tremblement de terre de forte intensité qui a provoqué d’immenses dégâts matériels et fait plus de deux mille morts et autant de blessés dont une grande majorité gravement atteints. Des villages entiers ont été rasés et chaque jour le triste bilan s’alourdit un peu plus.

 

Le Congrès Mondial Amazigh (CMA) est consterné par cette terrible nouvelle et exprime sa compassion et ses plus sincères condoléances aux familles des victimes.

 

Le CMA note que cette catastrophe touche particulièrement un territoire amazigh pauvre, largement délaissé par les pouvoirs publics parce que considéré comme faisant partie du «Maroc inutile». De plus, d’après de nombreux témoignages, les premiers secours ont mis trop longtemps à se manifester et leur réaction s’est faite avec des moyens largement insuffisants. Pourquoi le plan d’urgence n’a pas été déclenché immédiatement après le séisme? Pourquoi les hélicoptères de l’armée n’ont-ils pas été mobilisés pour apporter les secours dans les villages de montagne isolés? Pourquoi plus de trente-six heures après la catastrophe, les aides étrangères proposées ne sont pas encore autorisées par le gouvernement marocain? Les victimes ont beaucoup plus besoin de secours immédiats que de réunions administratives et de discours de circonstance.

 

Par ailleurs, compte tenu du fait que les experts en la matière affirment que ce séisme était prévisible, les autorités marocaines ont-elles fait le nécessaire pour protéger préventivement les populations et plus particulièrement celles qui vivent dans les zones enclavées et marginalisés des montagnes du Haut Atlas, principales victimes de ce désastre? Il viendra le temps des bilans pour examiner et déterminer les responsabilités des différents acteurs gouvernementaux dans les situations dramatiques vécues par les Amazighs de l’Atlas durement touchés par ce grave tremblement de terre.

 

Le Congrès Mondial Amazigh déplore également le fait que le Maroc reste un pays à deux vitesses, qui se dote d’un train à grande vitesse pour relier des grandes villes prospères comme Casablanca, Rabat et Tanger tandis que les petites villes et villages de l’arrière-pays amazigh ne sont joignables que par des pistes et parfois même de simples chemins pédestres. Les conséquences de ces choix politiques néfastes se payent aujourd’hui par les trop nombreuses victimes dans le Haut Atlas.

 

Le CMA salue et encourage toutes les actions de solidarité avec les victimes, quelles soient à l’initiative d’organismes publics ou privés, de l’intérieur ou de l’extérieur du Maroc. Il appelle leur attention sur le fait que la principale langue d’usage particulièrement dans les villages de montagne, c’est Tamazight.

 

Le CMA suivra avec la plus grande attention le processus d’aide d’urgence mais aussi de reconstruction des infrastructures détruites. C’est l’occasion que doit saisir le Maroc pour mettre fin aux graves discriminations et à la marginalisation socioéconomique qui frappent les territoires amazighs de ce pays.

 

Paris, 29/08/2973 – 10/09/2023

 

Le Bureau du CMA