
Les racines de la haine anti-amazighe bien ancrées en Algérie
Le 1er mai 2025, Mohamed Lamine Belghit, enseignant d’histoire en Algérie, a déclaré sur la chaine de télévision Sky News Arabia, que « la culture amazighe n’existe pas » et qu’il s’agit d’une « création franco-sioniste ».
Le 3 mai, le tribunal de Dar-El-Beida près d’Alger a ordonné l’arrestation et la mise en détention provisoire de M. Belghit pour « atteinte à l’unité nationale et diffusion d’un discours de haine et de discrimination ». Le Congrès Mondial Amazigh (CMA) aurait pu féliciter la justice algérienne pour sa réaction face à cet acte raciste anti-amazigh, si cette justice n’était pas hypocrite car elle vise surtout à protéger la stabilité de l’Etat algérien plutôt que le peuple amazigh de ce pays.
Par ailleurs le CMA s’étonne du fait que les autorités algériennes ne poursuivent pas en justice les très nombreux algériens, individus, organisations et même des élus, qui tiennent tous les jours des propos négationnistes et racistes anti-Amazighs. Lorsque des membres du gouvernement, y compris le chef de l’Etat, ainsi que des responsables de partis politiques panarabistes déclarent publiquement leur dévotion à l’égard de la « Oumma arabia », la nation arabe, ils expriment la sacralité des liens qui les unissent aux peuples arabes du Moyen-Orient, qui est une position à caractère racial, qui rattache artificiellement l’Algérie au monde arabo-islamique, sans aucune considération pour les millions d’Amazighs de ce pays. L’idéologie arabo-islamique qui cherche à éradiquer l’amazighité en Algérie est enracinée dans ce pays après des décennies d’arabisation forcée, d’enseignement falsifié de l’histoire, d’imposition de l’islam et de pratiques d’exclusion de tout ce qui est amazigh. A titre d’exemple, jusqu’à aujourd’hui, les prénoms amazighs sont interdits et les parents qui souhaitent malgré tout donner un prénom amazigh à leur enfant doivent batailler longuement devant une administration et une justice hostiles et intimidantes.
Actuellement, des centaines d’Amazighs, en grande majorité des Kabyles, sont en prison pour avoir défendu leur langue, leur culture, leur mode de vie ou simplement exprimé publiquement leur point
de vue sur le projet de société qu’ils souhaitent. Des milliers d’autres sont menacés, surveillés, leurs déplacements limités. Des festivals, des réunions, des activités culturelles, des
manifestations sont interdits dans les territoires amazighs (Kabylie, Mzab, Aurès…).
Il a fallu un demi-siècle de luttes populaires et le sacrifice du sang des Amazighs pour que Tamazight, la langue amazighe, soit reconnue dans la Constitution algérienne. Et alors que cette
langue est officielle depuis l’année 2016, son enseignement reste facultatif et se limite aux régions amazighophones et seulement de manière partielle. Après avoir promis sa généralisation à tout
le pays pour l’année 2021, le gouvernement a repoussé cette échéance à 2038 mais sans qu’aucun plan d’actions n’ait été adopté pour atteindre cet objectif.
La reconnaissance de l’amazighité de l’Algérie est une fiction principalement à cause de la politique anti-amazighe de l’Etat. Si le gouvernement algérien souhaite sincèrement lutter contre l’amazighophobie, il devra commencer lui-même par cesser ses pratiques méprisantes fondées sur l’idéologie arabonationaliste et islamiste raciste à l’égard de Tamazight (peuple, histoire, culture, langue et civilisation).
Paris, 1/05/2975 – 12/05/2025
Le Bureau du CMA