Lettre ouverte au chef de l'Etat algérien

M. Abdelmajid Tebboune

Chef de l’État algérien

El-Mouradia, Alger, Algérie

 

Lettre ouverte

 

 

 

M. Tebboune,

 

Vous êtes de nouveau désigné pour conduire les affaires du pays pour une période de cinq ans. Le taux de participation à votre ‘’élection’’  est historiquement bas dans toute l’Algérie et proche de zéro en Kabylie. Comme il y a cinq ans, la Kabylie a complètement ignoré la ‘’consultation électorale’’ que vous venez d’organiser, malgré des milliards de Dinars dépensés en propagande.

 

En 2019, nous vous avions adressé un courrier pour vous inviter à ouvrir un dialogue sincère et constructif avec la Kabylie. Vous ne l’avez pas fait. Au contraire, vous avez ordonné la criminalisation même du mot Kabyle et mis en prison les Kabyles par centaines. Sous votre responsabilité, la répression féroce et la terrorisation de la population sont devenues, avec la corruption, les principaux outils de gestion de l’État algérien.

 

Si la Kabylie ne proteste pas énergiquement comme elle avait l’habitude de le faire, c’est parce qu’elle est baillonée et qu’elle vit sous la surveillance et la menace permanentes de vos Brigades de Recherche et d’Intervention (BRI) de sinistre réputation. Mais à l’occasion de chacune des ‘’élections nationales’’ que vous organisez, elle s’exprime en tournant le dos à vos urnes et ainsi, elle vous dit courageusement et sans ambiguité son rejet catégorique de votre système anti-démocratique, arrogant, raciste et violent.

 

Vous ne pouvez pas continuer dans cette voie aventureuse et porteuse de périls pour l’ensemble de la société. L’ONU et les ONG internationales ne cessent d’interpeller votre gouvernement à ce sujet. Nous vous invitons instamment à changer radicalement de cap et à adopter une attitude de raison et de responsabilité. Aussi, nous persistons à vous inviter une nouvelle fois à rencontrer les Kabyles pour parler sincèrement avec eux, d’un avenir de paix, de fraternité et de prospérité.

 

Au préalable, vous devrez faire adopter des textes législatifs et des mesures administratives qui prévoient :

- la libération de tous les détenus politiques et d’opinion et l’abandon de toutes les charges décidées à leur encontre,

- l’abandon de toutes les charges décidées à l’encontre de toutes les personnes poursuivies et/ou condamnées pour délit d’opinion, qu’elles vivent en Algérie ou à l’étranger,

- le versement d’indemnités à toutes les victimes de la répression et à leurs familles, durant les cinq dernières années,

- l’abolition de la mesure de classement de personnes et organisations politiques, comme personnes et organisations terroristes,

- l’abolition de l’article 87 bis et de tous les articles excessivement répressifs du code pénal,

- la garantie de la liberté de circulation,

- la garantie de la liberté d’expression, d’opinion, de réunion et de manifestation pacifique.

 

Les représentants de la Kabylie qui prendront part à ce dialogue seront désignés par les Kabyles eux-mêmes et selon leurs propres procédures. Ce dialogue se déroulerait en Kabylie en présence d’observateurs internationaux mandatés par les Nations Unies.

 

Pour être équitable et durable, toute solution doit découler d’un processus de discussion sincère et constructif. Nous espérons que vous l’entendez ainsi et vous prions d’agréer, M. Tebboune, l’expression de notre considération distinguée.

 

Paris, 1/09/2974 – 12/09/2024

 

Le Bureau du Congrès Mondial Amazigh.