La cause amazighe perd un de ses plus éminents défenseurs

 

Nous apprenons avec une grande tristesse le décès du grand militant amazigh Ali Ikken.

 

Le Congrès Mondial Amazigh salue le grand défenseur de l’amazighité qu’il était et adresse ses plus sincères condoléances à sa famille. 

Durant quasiment toute sa vie, Ali Ikken s’est battu contre l’oppression des Amazighs au Maroc et pour faire reconnaître et faire vivre l’amazighité, en tant qu’histoire, civilisation et peuple, aussi bien au Maroc que dans les autres pays de Tamazgha (nord de l’Afrique). Il a été un des fondateurs de l’association Tilelli de Tizi-N-Imnayen (Goulmima, sud-est du Maroc) et il a fait partie du groupe de manifestants amazighs qui ont osé défiler le 1er mai 1994 à Tizi-N-Imnayen avec des banderoles écrites en Tamazight réclamant les droits linguistiques et culturels des Amazighs. Avec six de ses camarades ( Ali Harcherras, Taous M’bark, Omar Derouich, Ahmed Kikich, Ali Ouchna et Saïd Jafar), il a été arrêté et condamné à deux ans de prison et 10.000 Dirhams d’amende pour « atteinte à l’unité nationale et à la sécurité de l’Etat ». Quelques années auparavant, en 1991, Ali Ikken avait participé à l’élaboration de la Charte d’Agadir, un des textes fondateurs du mouvement amazigh contemporain au Maroc. En tant que membre de l’association Tilelli, il a été membre du Congrès Mondial Amazigh où il était apprécié pour ses positions et ses suggestions allant toujours dans le sens de l’union des Amazighs et du renforcement de leurs revendications.

 

Très présent sur le terrain pour animer des rencontres afin de sensibiliser les jeunes générations, il a également visité la Kabylie pour échanger avec les militants du Mouvement Culturel Berbère (MCB), ce qui l’a certainement inspiré dans son action visant à renforcer les capacités du mouvement amazigh au Maroc. Parallèlement, face au recul de la langue amazighe, il a pensé qu’il fallait passer à l’écriture en langue amazighe. C’est ainsi qu’il a publié en 2004, le premier roman en Tamazight au Maroc, « asekkif n inzaden » (la soupe de poils) qui lui a valu le Prix Mouloud Mammeri, ainsi que des recueils de poésie et de contes. Il a également contribué à plusieurs revues et journaux amazighs : Tasafut, Tidmi, Tifinagh…

 

Les acquis de Tamazight au Maroc doivent beaucoup à Ali Ikken et aux hommes et femmes dotés comme lui, du sens de l’engagement. Ali Ikken restera dans nos coeurs et dans nos esprits, comme un modèle de militant sincère et discret mais possédant une forte conscience et une détermination inébranlable. Toute sa vie il a essayé de rassembler les siens autour de la cause amazighe afin que ne disparaisse jamais le legs historique de nos ancêtres.

 

Tanemmirt Ali, sgunfu deg talwit. Amennugh ittkemmil...

Merci Ali, repose en paix. La lutte continue...

 

Paris, 23/01/2973 – 4/02/2023

Le Bureau du CMA