Algérie, libérez Kamira Nait Sid

Libérez Kamira Nait Sid et tous les prisonniers politiques en Algérie

 

Kamira Nait Sid, coprésidente du Congrès Mondial Amazigh (CMA) est en prison depuis près de sept mois. Elle est emprisonnée sans aucun motif légitime et sans avoir été jugée à ce jour.

 

Elle est accusée de « terrorisme » et de « complot contre l’Etat algérien » alors qu’elle a toujours agi pour la défense et la promotion des droits des Amazighs dans un cadre légal et de manière toujours pacifique. Les accusations portées à l’encontre de Kamira Nait Sid sont donc totalement infondées. En conséquence, elle est une prisonnière politique et sa détention est totalement arbitraire.

 

L’enlèvement de Kamira Nait Sid par les services de sécurité algériens le 24 août 2021, sa séquestration pendant sept jours et sa mise en détention provisoire depuis le 1er septembre 2021, ont été décidés et appliqués en violation des lois algériennes (Constitution, code pénal et code de procédure pénale) et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par l’Algérie.

 

Le droit à un procès équitable pour Kamira Nait Sid et les droits de la défense sont violés. En prison, son droit de s’entretenir librement et en toute discrétion avec sa famille et ses avocats n’est pas respecté. Depuis qu’elle est en prison, elle est souffrante et elle a beaucoup maigri. Les conditions de détention de Kamira Nait Sid sont anormalement mauvaises et cela porte gravement atteinte à sa santé. Le gouvernement algérien en porte l’entière responsabilité.

 

Comme des citoyens ordinaires, les avocats craignent eux aussi l’arbitraire de l’Etat algérien et par conséquent ils ne peuvent pas assurer convenablement leur mission, ni s’exprimer librement. Cela nuit gravement au droit des victimes d’être défendues selon les standards requis.

 

Conformément à sa mission, le CMA a porté plainte contre le gouvernement algérien pour l’enlèvement, la séquestration et la détention arbitraire de Kamira Nait Sid et a alerté et informé les organes internationaux compétents en matière de droits de l’Homme, sur la situation des détenus politiques Amazighs et notamment Kabyles en Algérie.

 

Environ 300 Kabyles, militants politiques ou associatifs, défenseurs des droits de l’homme, journalistes, écrivains, ou simples citoyens sont actuellement en détention provisoire, sans motif légitime. Les brigades de recherche et d’intervention (BRI), groupes de choc de la police algérienne, sillonnent la Kabylie nuit et jour pour procéder à des arrestations brutales, choquantes, semant la panique et l’angoisse parmi les populations. Ce climat de terreur a poussé à l’exil des milliers de jeunes kabyles depuis le début de l’année 2021. En Kabylie, la peur a également eu pour effet d’étouffer les activités sociales habituelles, de réduire considérablement l’entraide traditionnelle intra-communautaire et de contraindre les citoyens au repli sur soi, à l’isolement et au silence. Il est très difficile d’obtenir des témoignages même anonymes de cette situation effroyable à cause de la crainte des représailles individuelles et collectives. Les personnes les plus âgées rapportent qu’elles n’ont jamais connu ce climat d’épouvante généralisée, pas même durant les années les plus sombres de la période coloniale française.

 

La direction du Congrès Mondial Amazigh réaffirme son soutien infaillible à Kamira Nait Sid et appelle instamment les plus hautes autorités civiles et militaires algériennes à libérer immédiatement la coprésidente du CMA et tous les détenus politiques et d’opinion en Algérie. La politique répressive est une voie inhumaine et dangereuse car elle est porteuse de conflit et de régression. Le pouvoir politico-militaire algérien doit revenir à la raison et entamer un dialogue sincère et serein avec les Amazighs et les Kabyles particulièrement, en vue d’aboutir à une paix durable dans le pays.

 

Le CMA demande une nouvelle fois aux organisations internationales et régionales d’exiger fermement du gouvernement algérien qu’il mette un terme immédiatement à la répression qu’il exerce contre les Amazighs et les Kabyles en particulier et qu’il respecte enfin ses obligations internationales en matière de droits humains. Le CMA poursuivra sans relâche son action pour zéro impunité en Algérie.

 

Paris, 4/03/2972 – 16/032022

 

Le Bureau du CMA