Situation critique en Kabylie

M. Antonio Guterres, Secrétaire Général de l’ONU

 

Mme Michelle Bachelet, Haute Commissaire aux droits de l’homme

 

Objet : Demande pressante d’une action de protection des droits de l’homme en Kabylie

Depuis quelques mois, le gouvernement algérien accentue sa politique répressive contre les populations Kabyles, en visant tout particulièrement les défenseurs du droit à l’autodétermination de la Kabylie et les défenseurs des droits des Amazighs.

 

Actuellement, plus de soixante dix personnes sont en détention provisoire (voir liste jointe) et d’après des informations concordantes, des centaines d’autres seraient sur une liste de personnes activement recherchées par la police ou la gendarmerie algériennes. Ces forces gouvernementales équipées d’armes de guerre, n’hésitent pas à violer les domiciles des familles, semant un climat de tension, de stress et de terreur dans les villages kabyles. Cela risque fort de conduire à un soulèvement populaire généralisé suivi d’une violente répression comme au printemps 2001 qui a fait 126 morts et des milliers de blessés.

 

Le gouvernement algérien a modifié deux fois le code pénal algérien en 2020 et en 2021, pour criminaliser toute personne qui ne partage pas sa conduite et ses méthodes et qui ose s’exprimer publiquement. Les Kabyles sont punis de se revendiquer comme peuple autochtone distinct et pour avoir refusé unanimement de participer à tous les scrutins nationaux au cours des deux dernières années. Actuellement, la Kabylie n’est pas représentée au sein du parlement algérien.

 

Le silence des instances internationales face aux abus du pouvoir algérien incite le gouvernement de ce pays à poursuivre ses agressions contre le peuple kabyle et contre tous les Amazighs d’Algérie. Nous vous demandons instamment, M. le secrétaire général de l’ONU et Mme la Haute commissaire aux droits de l’homme, de prendre toutes les mesures nécessaires afin de faire stopper l’escalade de la violence arbitraire de l’Etat algérien contre la Kabylie et les Amazighs de ce pays.

 

Nous restons à votre disposition pour vous apporter tous les éclaircissements que vous jugerez utiles et nous attendons avec espoir votre action urgente pour préserver la Kabylie et ses habitants, conformément aux principes et aux instruments internationaux de protection des droits de l’homme et des peuples.

 

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le secrétaire général de l’ONU, Mme la Haute commissaire aux droits de l’homme, notre haute considération.

 

Paris, 24/06/2971 – 6/07/2021

Le Bureau du CMA.

 

Copie :

 

- RS Peuples Autochtones, RS défenseurs des droits de l’homme, Groupe de Travail sur la détention arbitraire, Comité des droits de l’homme

 

NB: Une lettre similaire a été adressée aux instances de l'Union Africaine et de l'Union Européenne.