Algérie-Maroc: Libérez les détenus politiques et d'opinion

Karim Tabbou, un opposant politique au régime algérien a été condamné le 24 mars 2020 par la Cour d’Appel d’Alger, à une peine d’une année de prison ferme et une amende de cinquante mille Dinars algériens. Il avait été arrêté en septembre 2019 et accusé d’«incitation à la violence» et «atteinte à la sécurité nationale» suite à ses déclarations dans lesquelles il critiquait l’ingérence de l’armée dans le domaine politique.

De fait, Karim Tabbou n’a fait qu’user pacifiquement, de sa liberté d’opinion et d’expression. Eu égard à la Constitution algérienne qui garantit la liberté d’expression et d’opinion (notamment ses articles 38 et 42) et au droit international (notamment l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques), Karim Tabbou n’aurait jamais dû être arrêté et emprisonné. Par ailleurs, de nombreux témoignages crédibles affirment que les droits du prévenu n’ont pas été respectés et que son procès ne s’est pas déroulé dans des conditions équitables (l’accusé malade, n’a pas pu être entendu, ses avocats absents).

 

En conséquence, le Congrès Mondial Amazigh (CMA) exige la remise en liberté de Karim Tabbou immédiatement et l’annulation de toutes les poursuites engagées contre lui. De plus, le CMA réclame la réparation par l’Etat, des préjudices subis par Karim Tabbou.

 

Le CMA déplore l’alignement de la position du Conseil National des droits de l’homme (CNDH) sur celle de la justice algérienne malgré la «violation des principes d’équité et de transparence» dénoncée notamment par le Barreau des avocats d’Alger, la Ligue algérienne des droits de l’homme et Amnesty International.

 

Compte tenu de l’état de santé incertain de Karim Tabbou, le CMA met en garde le gouvernement algérien contre toute conséquence fâcheuse de son maintien en détention. Le CMA et l’opinion publique n’ont pas oublié la mort en prison de Kamel-Eddine Fekhar le 28 mai 2019.

 

Par ailleurs, en cette période où les pays du monde entier vident leurs prisons pour cause de pandémie liée au covid-19, le CMA réclame la libération immédiate de tous les détenus politiques et d’opinion en Algérie et dans tous les pays de Tamazgha. Le CMA pense particulièrement à Nasser Zefzafi et ses camarades arbitrairement détenus au Maroc.

 

Et une nouvelle fois, le Congrès Mondial Amazigh interpelle les instances internationales (ONU, UA, UE) afin qu’elles prennent urgemment toutes mes mesures nécessaires aux fins de faire respecter par les Etats, leurs obligations en matière d’état de droit, de droits humains et de libertés fondamentales.

 

Paris, 18/03/2970 – 30/03/2020

Le Bureau du CMA.