Avec zéro vote, la Kabylie rejette la mascarade électorale algérienne

Les Amazighs d’Algérie : Etre au rendez-vous avec l’Histoire

 

En Algérie, les Amazighs et particulièrement les Kabyles, ont toujours manifesté leur rejet du système de gouvernance algérien, dirigé par une des dernières et des plus archaiques juntes militaires, dont les méthodes de gouvernement se composent d’abus de pouvoir, la répression, la corruption, les détournements de fonds publics, les violations des droits de l’homme et des libertés.

Ce pouvoir inféodé à l’idéologie araboislamiste, a toujours nié et combattu les aspirations du peuple Amazigh à vivre libre et dans la dignité.

 

Depuis le mois de février 2019, dans toutes les régions d’Algérie et surtout en Kabylie, les Amazighs manifestent massivement chaque semaine, pour exiger la fin de ce système qu’ils qualifient de « maffieux et assassin » et pour l’instauration d’une réelle démocratie et de l’état de droit. Le régime algérien a, comme à son habitude, toujours répondu par la violence, allant jusqu’à laisser mourir en prison Kamel-Eddine Fekhar, un défenseur des droits de l’homme et jetant en prison des dizaines de porteurs du drapeau Amazigh depuis le mois de juin 2019.

 

Cherchant absolument à se donner une légitimité et une façade civile, le régime militaire algérien a imposé, hors de tout cadre légal, une pseudo élection présidentielle le 12 décembre 2019, avec cinq candidats tous issus du système autoritaire et corrompu, en place depuis plus de 60 ans.

 

La Kabylie particulièrement a été mise sous une haute surveillance de l’armée et des forces de police et de gendarmerie. Les tirs des forces de répression contre les rassemblements pacifiques observés le jour du « vote », ont fait un mort, Ouamara Mohamed, à Isser et plusieurs dizaines de blessés, dont certains grièvement atteints, notamment à Tizi-Wezzu et Vgayet.

 

Les résultats officiels de cette « élection » publiés le 13 décembre donnent vainqueur un des cinq candidats mais avec un taux de participation le plus bas jamais enregistré en Algérie (moins de 40% en moyenne) et un historique zéro participation en Kabylie, une région amazighe peuplée d’environ 12 millions d’habitants.

 

Dans ce contexte, la légitimité de ce scrutin et celle du nouveau « président » élu est très contestable. Ce « président » illégitime ne peut donc pas gouverner le pays.

 

Par ailleurs, en refusant de prendre part de manière unanime à cette « mascarade électorale », la Kabylie a signifié de nouveau et de manière magistrale, son rejet total de ce système et exprimé par la même occasion son attachement profond à son identité, à sa liberté et à sa dignité.

 

La Kabylie unie ayant réaffirmé sa singularité, notamment sur le plan politique et de son projet de société résolument démocratique et laique, il appartient désormais au pouvoir algérien d’en prendre acte et d’ouvrir sans délai, un dialogue direct et sincère avec ses représentants sur l’avenir de ce territoire et de son peuple, dans le cadre juridique international relatif au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

 

Paris, 2/12/2969 – 14/12/2019

Le Bureau du CMA.