Mort en détention de KE Fekhar, l'Algérie condamnée

Algérie: La mort d'un gréviste de la faim en détention est alarmante, selon des experts de l'ONU

 

GENÈVE (18 juin 2019) Des experts des Nations Unies ont déclaré aujourd'hui qu'ils étaient alarmés par la mort en détention d'un défenseur des droits de l’homme après une grève de la faim de 53 jours en Algérie.

Les membres du Groupe de travail sur la détention arbitraire ont déclaré avoir reçu des informations selon lesquelles M. Kamel-Edine Fekhar, médecin et fondateur de la fondation Tifawt, qui défend les droits des peuples autochtones et de la minorité mozabite de la région du M'zab dans le nord du Sahara, n'aurait pas reçu de soins médicaux adéquats à temps avant sa mort survenue le 28 mai 2019.

 

 

"Nous sommes particulièrement préoccupés par le fait que les soins nécessaires n'ont pas été prodigués à M. Fekhar alors qu’il était sous l’autorité pénitentiaire, ce qui est contraire au principe 24 de l'Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises à une forme quelconque de détention ou d'emprisonnement, ont déclaré les experts. 

 

 

M. Fekhar, Mozabite, était détenu depuis le 30 mars 2019. Le Groupe de travail avait considéré une précédente période de détention depuis 2015 comme arbitraire (voir l’avis no. 34/2017) et contraire au Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Le Groupe de travail avait entre autres demandé sa libération immédiate.

 

 

M. Fekhar avait été libéré deux ans plus tard, le 18 juillet 2017 et avait poursuivi son travail de médecin et de défenseur des droits humains jusqu'à sa nouvelle arrestation en mars 2019.

 

 

"Nous sommes alarmés par les faits rapportés et regrettons l'absence de mise en œuvre de l'avis du Groupe de travail sur la précédente détention arbitraire de M. Fekhar. Il est également très inquiétant que les autorités algériennes, après avoir libéré M. Fekhar, n'aient pas respecté les garanties de non-répétition de la détention arbitraire d'un défenseur des droits de l’homme", ont déclaré les experts indépendants.

 

 

* Les experts:  M. José Antonio Guevara Bermúdez, Président-Rapporteur du Groupe de travail sur la détention arbitraire ;  M. Michel Forst, Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l’hommeMme Victoria Lucia Tauli-Corpuz, Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones; M. Fernand de Varennes RP, Rapporteur Spécial de l’ONU sur les questions relatives aux Minorités.

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Algeria: Hunger striker’s death in custody alarming, say UN experts

 

GENEVA (18 June 2019) ‑ United Nations experts said today they are alarmed by the death in custody of a human rights defender after a 53-day hunger strike in Algeria.

 

Members of the Working Group on Arbitrary Detention said they had received reports that Kamel-Edine Fekhar, a doctor and the founder of Tifawt ‑ a foundation promoting the rights of the Mozabite indigenous peoples and minority from the M'zab region of the northern Sahara ‑ had not received timely or adequate medical care before his death on 28 May 2019.

 

“We are particularly concerned that the necessary care was not provided to Mr. Fekhar while he was under prison authority, which is contrary to Principle 24 of the Body of Principles for the Protection of All Persons under Any Form of Detention or Imprisonment,” the experts said.

 

Mr. Fekhar, a Mozabite, had been detained since 30 March 2019. The Working Group had considered a previous period of detention since 2015 as arbitrary (see Opinion No. 34/2017) and in contravention of the International Covenant on Civil and Political Right, calling namely for his immediate release.

 

Mr. Fekhar was freed on 18 July 2017 and continued his work as a doctor and human rights defender until he was arrested again in March this year.

 

“We are alarmed by the reported facts and regret the failure to implement the Working Group's opinion on Mr Fekhar’s previous arbitrary detention. It is also very worrying that the Algerian authorities, after releasing Mr. Fekhar, did not observe the guarantees of non-recurrence of arbitrary detention of a human rights defender,” the independent experts said.

 

The experts: Mr. José Antonio Guevara Bermúdez, Chair-Rapporteur of the Working Group on Arbitrary Detention; Mr. Michel Forst, Special Rapporteur on the situation of human rights defenders; Ms Victoria Lucia Tauli-Corpuz, Special Rapporteur on the rights of indigenous people; Mr. Fernand de Varennes RP, Special Rapporteur on minority issues.