XXXIX° Tafsut Imazighen

Appel à des marches massives

 

La nation amazighe dans sa diversité commémore ce 20 avril 2019, le 39ème anniversaire du printemps amazigh, symbole de la renaissance amazighe et de la lutte pacifique pour le recouvrement des droits et des libertés fondamentales des Amazighs dans les différents pays de Tamazgha (nord de l’Afrique) et de la diaspora.

Même si le mouvement libérateur est parti de Kabylie en 1980, le printemps amazigh est devenu une date historique partagée désormais par tous les Amazighs partout où ils vivent. Cette date est célébrée comme une victoire de la résistance amazighe contre le déni identitaire, les spoliations des droits et les injustices imposées aux peuples amazighs par les pouvoirs inféodés aux idéologies arabonationaliste et islamiste importées.

 

De fait, le 20 avril a été depuis de nombreuses années déjà, consacré journée internationale de la résistance et de la marche des Amazighs sur le chemin de leur libération.

 

Comme chaque année, la célébration du printemps amazigh est l’occasion de rappeler que les maigres succès des Amazighs ont été acquis au prix de lourds sacrifices mesurés en centaines de morts, en siècles de prison et d’exil, en sang et larmes versés, en vies pulvérisées et en privations de toutes natures. Et lorsque les gouvernements panarabistes sont contraints de concéder certains droits aux Amazighs, comme par exemple les droits linguistiques, ils usent comme par réflexe, de manipulations et d’instrumentalisation qui ont pour effet de réduire à néant les mesures prises.

 

Il revient alors au mouvement amazigh de faire preuve de persévérance mais aussi de clairvoyance pour poursuivre le combat pacifique pour la restauration de la souveraineté du peuple amazigh jusqu’à la pleine et entière satisfaction de nos exigences légitimes. En ces moments agités dans tous les pays de Tamazgha, le CMA recommande aux Amazighs de resserrer les rangs autour de leur droit fondamental à l’existence en tant que peuple distinct, de ne pas se laisser manipuler et de faire preuve de la plus grande vigilance pour s’assurer un avenir dans la dignité.

 

En ce 39ème anniversaire du printemps amazigh, nous devons une pensée particulière aux victimes du printemps noir de Kabylie et de la répression aveugle qui a frappé récemment les Rifains au Maroc et les At-Mzab en Algérie. Le CMA dénonce une nouvelle fois la marginalisation économique et sociale du Rif, puni par le pouvoir marocain depuis plus de 60 ans pour son attachement à sa liberté et à son authenticité. En Algérie, profitant de la vulnérabilité et du caractère non violent du peuple At-Mzab, les autorités algériennes s’acharnent sur ce peuple amazigh en emprisonnant sans motif légitime ses défenseurs comme Kamel-Edine Fekhar, Hadj Brahim Aouf, Bahmed Lassaker et bien d’autres. Le CMA exige une nouvelle fois la libération immédiate des détenus politiques Rifains et Mozabites.

 

En Libye, des bandes arabo-islamiques rivales de l’est et de l’ouest, soutenues par différents Etats arabes, continuent de détruire méthodiquement le pays. Quel que soit le vainqueur cela n’augure aucune perspective positive pour les Amazighs de ce pays. Aussi, le CMA appelle instamment la communauté internationale à prendre des mesures urgentes et efficaces en vue d’assurer la protection des Amazighs de Libye.

 

La Tunisie, sommée par l’ONU en 2016 de reconnaitre et respecter les droits des Amazighs de ce pays, continue de faire la sourde oreille. Le CMA exhorte les Amazighs à se mobiliser pour exiger la mise en œuvre des exigences de l’ONU. De son côté, le CMA ne ménagera aucun effort pour alerter les instances concernées de l’UA, de l’UE et de l’ONU afin qu’elles exercent leurs responsabilités conformément aux procédures internationales.

 

Pendant que l’Algérie traverse une période de grande instabilité politique provoquée par le régime totalitaire algérien, les Amazighs de ce pays doivent saisir ce moment pour réfléchir à leur avenir collectif en tirant les leçons du passé. Quel que soit le système politique à venir, il n’est plus question que les Amazighs continuent de subir la négation de leur identité, la marginalisation, le mépris, le racisme et la répression. Il leur appartient donc dès à présent, de se concerter en vue de préparer leur propre projet contenant les conditions minimales nécessaires à leur survie, à leur dignité et à leur bien être. Quelles que soient les divergences de points de vue, il est urgent pour les Amazighs de retrouver la maitrise de leur destin et de contrer les périls qui les menacent individuellement et collectivement. C’est pourquoi le CMA appelle le mouvement citoyen amazigh, les organisations de la société civile, les personnalités et toutes les forces patriotiques amazighes à se réunir dès que possible, dans le cadre d’une conférence générale qui réaffirmera le projet sociétal des Amazighs de ce pays, fondé sur l’amazighité (histoire, langue, culture et société), la justice, l’égalité, la sécularité, la démocratie et les libertés fondamentales.

 

Dans l’Archipel Canarien, le peuple autochtone canarien colonisé et dont les richesses sont pillées par l’Etat espagnol, doit également pouvoir exercer son droit à l’autodétermination afin de retrouver sa souveraineté.

 

Le peuple Kel-Tamacheq dont le pays est découpé arbitrairement par les frontières des Etats algérien, malien, nigérien, libyen, mauritanien et burkinabé, est dépossédé de ses territoires traditionnels et de ses richesses et exposé à toutes les formes de spoliations et de violences. Le CMA solidaire des Kel-Tamacheq du Fezzan, de l’Oudalan, de l’Azawagh, de l’Azawad, du Tassili et de l’Ahaggar, appelle instamment la communauté internationale à accorder sa protection à ce peuple fragile qui souffre et qui est menacé d’une mort lente.

 

Dans tous les pays de Tamazgha, les Etats pratiquent la violence, les injustices et le mépris à l’encontre des Amazighs. Ces derniers doivent s’appuyer davantage sur la justice internationale et faire appel à l’assistance des instances internationales afin de les aider à faire valoir leurs droits individuels et collectifs à l’existence et à la sécurité.

 

Le CMA qui agit dans ce sens depuis plus de vingt cinq ans, rappelle qu’il se tient aux côtés des mouvements amazighs et des citoyens pour la concrétisation des progrès dans le sens de nos idéaux de liberté et de souveraineté.

 

Le Congrès Mondial Amazigh s’associe à toutes les organisations amazighes pour appeler chacune et chacun à rejoindre les marches populaires de Tafsut Imazighen 2969-2019 pour rappeler à tous que rien de durable ne être construit dans les pays de Tamazgha sans Imazighen.

 

Paris, 5/04/2969 – 17/04/2019

Le Bureau du CMA