Yennayer, Jour de l'An amazigh 2967-2017

Au moment où nous fêtons le Nouvel An Amazigh 2967-2017, notre première pensée va naturellement à toutes celles et à tous ceux qui ont subi au cours de l’année qui vient de s’achever, les privations, le mépris, les violences, l’exil forcé, la détention arbitraire et la mort. 

Nous pensons particulièrement et fortement aux plus de cent prisonniers politiques du Mzab, dont Kamel-Eddine Fekhar, défenseur des droits de l’Homme, incarcérés depuis le 9 juillet 2015, sans procès, uniquement parce que les autorités algériennes l’ont décidé ainsi. Au mépris de la loi, au mépris de la justice, en toute impunité.

 

Dans ce territoire amazigh dans le sud de l’Algérie, le gouvernement dictatorial algérien met tout en œuvre pour étouffer tout un peuple, le peuple At-Mzab, un peuple pourtant modèle en matière d’hospitalité, de tolérance et de non violence. Des troupes et un arsenal militaire disproportionnés sont stationnés en permanence au Mzab pour arrêter, incarcérer, frapper, tuer quiconque ose dénoncer l’arbitraire. Le CMA salue la résistance héroique des détenus Mozabites qui souffrent non seulement de la privation injuste de liberté mais aussi des conditions de détention cruelles, inhumaines et dégradantes. Trois d’entre eux sont déjà morts des mauvais traitements qu’ils ont subi en prison.

 

En tant qu’ONG de défense des droits des Amazighs qui a beaucoup agi sur la scène internationale pour tenter de mettre un terme au calvaire que le gouvernement algérien fait subir au peuple At-Mzab, le Congrès Mondial Amazigh (CMA) s’engage à redoubler d’efforts afin que la nouvelle année soit l’année de la libération de Kamel-Eddine Fekhar et ses codétenus. L’ONU, l’UE, l’UA, les ONG internationales des droits de l’Homme, les Etats et les personnalités soucieux des droits humains seront harcelés afin que chacun agisse concrètement et fermement auprès de la dictature algérienne jusqu’à la libération des détenus du Mzab.

 

Pour l’année qui s’ouvre, la libération des détenus du Mzab est l’objectif prioritaire du CMA mais sans oublier aucunement les agressions et la politique d’étouffement infligées par le gouvernement algérien à la Kabylie. Les membres du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) et les dirigeants du CMA subissent un harcèlement policier et judiciaire permanent que le CMA ne cessera jamais de dénoncer sur toutes les places. Au Maroc, l’année qui vient de se terminer a été marquée par l’expression de la violence et du mépris de la part du Makhzen envers le peuple rifain. La situation est également très inquiétante dans l’Azawad où le pseudo-accord de paix signé en 2015, n’a mis un terme ni à l’insécurité, ni au calvaire des réfugiés dans les pays voisins, ni la détérioration des conditions de vie des populations. En Tunisie comme en Libye, la domination de l’idéologie panarabiste et islamiste provoque la relégation de la question amazighe et la négation des droits fondamentaux des Amazighs.

 

Aux côtés du mouvement amazigh de tous les pays de Tamazgha, le Congrès Mondial Amazigh réitère sa revendication d’instituer Yennayer, Jour de l’An amazigh, comme journée fériée, chômée et payée. Le CMA recommande vivement aux entreprises, aux collectivités locales, aux associations et aux citoyens, de l’appliquer sans attendre la décision gouvernementale. Il est du droit et du devoir de chacun-e de contribuer à la réappropriation du patrimoine culturel amazigh en faisant de Yennayer un jour de fête.

 

Le CMA qui rappelle que la délimitation administrative des Etats du nord de l’Afrique est le fait du colonialisme, exige l’ouverture de la frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc, entre l’Algérie et l’Azawad, entre l’Algérie et la Libye et l’abolition des visas. La liberté de circulation des citoyens de cette région ne doit être soumise à aucune restriction.

 

Par ailleurs, le dialogue international ne doit en aucun cas rester le monopole des Etats, excluant les peuples. En conséquence, le CMA réclame une représentation officielle des peuples autochtones et sans Etat au sein de l’Organisation des Nations Unies.

 

Pour porter ces ambitions fortes, le Congrès Mondial Amazigh souhaite à toutes et à tous une forte volonté, le courage et la détermination pour faire de l’année 2967-2017, une étape importante dans la reconquête des droits, des libertés et de la dignité des Amazighs.

 

Aseggas ameggaz, ifulkin, yeh’lan, ighudan, icnan, yulaghen…

Bonne année, buen año nuevo, happy new year…

 

Paris, 1 Yennayer 2967 - 12 janvier 2017

Le Bureau et le Conseil Fédéral du CMA