Journée mondiale des droits de l'Homme 2966-2016

 Violations multiples des droits individuels et collectifs des Amazighs

 

 La journée mondiale des droits de l’Homme est l’occasion chaque année, de faire le point sur les situations que vivent les Amazighs dans leurs territoires historiques de Tamazgha (nord de l’Afrique) et à l’extérieur.

 

Les Amazighs sont partout traités de «minorités», certainement pour minoriser encore davantage leur présence et leurs droits.

Malgré l’adoption des chartes, conventions et autres pactes internationaux relatifs aux droits de l’homme et des peuples, les Etats continuent de violer allégrement les droits les plus élémentaires des Amazighs, notamment le droit à la vie, le droit à la liberté, le droit à l’autodétermination et les autres droits politiques, économiques, sociaux et culturels.

 

En Algérie, les services de police se sont acharnés particulièrement ces dernières années sur deux territoires amazighs caractérisés par la vitalité de la langue et de la culture amazighes : la Kabylie et le Mzab. Les services de répression algériens usent et abusent de toute la panoplie répressive pour tuer toute forme de résistance à l’arabo-islamisation. Les militants des droits de l’homme et les membres des organisations politiques indépendantes sont particulièrement visés par les violences et les persécutions policières, administratives et judiciaires. Ainsi, plus de cent détenus Mozabites, dont le Dr Kamel-Eddine Fekhar, défenseur des droits de l’homme, sont en détention préventive depuis 17 mois, en toute illégalité, dans les prisons de Taghardayt (Ghardaya) et El-Ménéa dans le sud algérien. Ces prisonniers politiques ont régulièrement recours à la grève de la faim pour protester contre leur maintien en détention. Le CMA rappelle que le peuple At-Mzab attend la protection de l’ONU qu’il a demandée au mois de mai 2014.

 

Dans l’Azawad, le pseudo « accord de paix » qui a été imposé par des forces extérieures (notamment la France et l’Algérie) s’est finalement révélé comme une simple opération de restauration d’un Etat malien en faillite, sans aucun intérêt pour les populations locales. Pire, la présence de plusieurs « armées » sur le terrain (armée française, malienne, onusienne, les groupes armés d’Al-Qaida, Mujao, Al-Mourabitoune, Ansar-Dine…) n’a fait qu’apporter encore plus d’insécurité qui n’encourage guère le retour des réfugiés Azawadiens en Mauritanie et au Burkina-Faso.

 

Dans le nord-Niger, les Kel-Tamasheq, peuple autochtone de cette région, sont chassés de leurs territoires traditionnels par le groupe multinational Areva qui exploite les gisements d’uranium, laissant derrière lui des montagnes de déchets radioactifs et polluant pour des siècles, la terre et l’eau. Cela a porté gravement atteinte aux activités vivrières comme l’élevage, l’agriculture ou le tourisme. En parallèle, le nord-Niger reste marginalisé sur le plan socio-économique, où les infrastructures (routes, hôpitaux…) et les services publics (école, santé, accès à l’eau…) sont dans un état de grand délabrement. Il y a une véritable menace d’extinction du peuple et de la civilisation Kel-Tamasheq dans cette région.

 

Au Maroc, le CMA attend la lumière et la justice concernant l’assassinat de Omar Khaleq, dit Izem, et exige la réhabilitation des prisonniers politiques Amazighs Mustafa Oussaya et Hamid Ouattouch injustement emprisonnés pendant 9 ans pour avoir seulement défendu les droits du peuple amazigh. De même, le CMA soutient les habitants du village de Imider (sud-est du Maroc) qui, depuis plus de 5 ans, résistent au pillage de leurs terres et de leur eau par la Société Métallurgique d’Imider (SMI). Le drame qui a coûté la vie le 28 octobre dernier à un jeune marchand de poissons à Taghzut (El-Hoceima) dans la région amazighe du Rif, a révélé le mépris et l’arrogance du Makhzen vis-à-vis du peuple Rifain, traditionnellement marginalisé.

 

En Libye et en Tunisie, la chute des dictatures a malheureusement profité à la mouvance islamiste intégriste qui ne rêve que d’un seul projet : instaurer la Chari’a islamique et étouffer les libertés fondamentales. Dans des conditions de forte insécurité liée à l’activisme des groupes islamistes armés, les Amazighs qui ont été des résistants farouches face aux régimes totalitaires déchus, tentent de s’organiser pour se préserver des violences et pour faire entendre leurs droits. Dans le sud-Libye, différents groupes armés tentent de chasser la communauté Kel-Tamasheq de ses territoires traditionnels afin de mettre la main sur les gisements de pétrole de cette région.

 

L’Archipel Canarien reste le pays qui connait une véritable colonisation directe par une force d’occupation étrangère, l’Espagne, qui mène depuis 5 siècles une politique de destruction de la culture autochtone et de pillage des ressources de ce territoire avec l’aide de firmes multinationales.

 

Dans le monde occidental et notamment en Europe, les organisations islamistes salafistes exploitent l’état de droit pour proliférer et endoctriner des jeunes issus de l’immigration, dont les jeunes d’origine amazighe. Les Amazighs de culture laique, sont ostracisés par les médias et ignorés par les institutions publiques et subissent en conséquence, tous les amalgames.

 

Imazighen, Hommes Libres, font partie des derniers peuples opprimés dans le monde. Mais comme tous les peuples, leur destin est de vivre dans la liberté et la dignité. Pour cela, ils doivent poursuivre l’action de manière déterminée et continue pour faire reculer les injustices et obtenir la reconnaissance et le respect effectif de leurs droits et libertés.

 

Par ailleurs, le dialogue international ne doit en aucun cas rester le monopole des Etats, excluant les peuples. En conséquence, le CMA réclame une représentation officielle des peuples autochtones et des peuples sans Etat au sein de l’Organisation des Nations Unies.

 

Paris, 28/11/2966 – 10/12/2016

 

Le Bureau du CMA